Douala, le 29 décembre 2020. Dans les décombres après l'incendie au marché Mboppi

Deux jours après l’incendie qui a ravagé 21 boutiques dans cet espace marchand, les commerçants sont toujours sous le choc.

Six hommes viennent de s’immobiliser devant la boutique n°63 du bloc 4 du marché Mboppi de Douala ce mardi 29 décembre 2020. Les visages serrés, ils regardent ce qui reste de ce lieu de commerce après le passage des flammes. Les séquelles de l’incendie qui a consumé 21 boutiques dans ce secteur du marché sont encore bien visibles, 48 heures après. Des colonnes de fumée se dégagent de gros tas de cendres et s’élèvent vers le ciel.

Dans les décombres encore ardents, des morceaux de bijoux, d’accessoires de beauté et des bibles rongés par les flammes sont mêlés à d’autres tabourets et morceaux de lattes carbonisés. Des pans de murs qui ont résisté à l’ardeur du feu sont badigeonnés de taches noires. Des fils électriques fondus trainent çà et là au-dessus des cendres.

Sous la cendre, le feu

A 9h 48, un petit départ de feu est observé au milieu des décombres. La petite flamme brille pendant quelques minutes avant de s’éteindre. Des commerçants sont assis en face de ce qui reste de ces boutiques ravagés par l’incendie. Ils ont la mine triste. Une dame, la trentaine, tient une pelle en main. Elle rassemble les débris qui tapissent le passage. Puis, elle les déverse au-dessus des amas de cendres. Elle effectue cet exercice en murmurant des paroles de lamentations. A quelques pas de là, deux jeunes sont stoppés net dans leur démarche.

«On a dit qu’on ne veut plus vous voir ici. Rentrez ! »,

intime un commerçant en colère aux deux badauds. Ceux-ci sont visiblement spécialisés depuis la survenue de l’incendie dans la recherche de ferraille et autre objet qui peut encore être utile.

Solidarité envers les sinistrés

Les sinistrés ne sont présents sur le site ce mardi. Mais ils visitent fréquemment les lieux, a -t-on appris. Les gérants des boutiques voisines épargnées par le feu n’hésitent pas à faire acte de solidarité envers-eux.

«Ils sont à la maison, au chômage. Certains essaient tant bien que mal de trouver quelque chose à vendre pour avoir un peu d’argent, car ils ont des femmes, des enfants et grands-parents en charge. Moi-même, j’ai donné de l’argent à certains pour qu’ils puissent au moins acheter de quoi manger »,

témoigne un commerçant du bloc 5, dépité.

Si l’origine de l’incendie reste inconnue, pour certains vendeurs de Mboppi, le retour brusque de l’énergie électrique après près de trois mois de délestage dans la zone serrait à l’origine du départ de feu. Mais l’enquête ouverte n’a pas encore rendue sa conclusion. Le bloc 4 reste approvisionné par des groupes électrogènes.

Pour éviter un autre incendie à Mboppi

Dix-neuf des 21 vendeurs sinistrés de l’incendie survenu dimanche 27 décembre 2020 sont des ressortissants nigérians. Alex Okoril Afamefuma, le président de  la communauté nigériane  du marché Mboppi, a invité les siens à prendre des précautions afin que l’incendie de ce dimanche-là soit le dernier au marché Mboppi. Il fait en outre appel aux autorités administratives, afin que des travaux d’aménagement soient effectués à Mboppi pour éviter que de tels scénarios ne se reproduisent plus.

« Je me suis senti vraiment mal. Certains de ces commerçants ont pris des crédits dans les banques»,

se désole Alex Okoril Afamefuma. Il relève que 48h après l’incendie, aucune autorité administrative camerounaise n’a effectué de descente sur les lieux à Mboppi.

Hermine Ndolo Enangue (Stagiaire) avec la Rédaction