Douala le lundi 8 février 2021. Quelques membres du Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes) à l'entrée du campus 1 de l'université de Douala. Photo: Moustapha Oumarou

Des enseignants ont répondu à l’appel des amphithéâtres le lundi 08 février 2021 en dépit du mot d’ordre de grève réitéré par le Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes). Ambiance au campus.

Il est 12h57 ce lundi 8 février 2021 au campus 2 de l’université de Douala. Benoît Dah Yabe, étudiant en filière Communication niveau 1, vient de terminer une session de travaux en groupe dans la discipline Science sociale. Ses camarades de promotion sont venus le rejoindre pour aller suivre le second cours de la journée dans une autre salle. Ensemble, ils se dirigent à l’amphithéâtre 501 du campus 2. Un peu plus loin, un autre étudiant vêtu d’un tee-shirt rouge est assis sur une pierre. Avec ses compagnons de la filière Géographie, ils se préparent à aller affronter les évaluations des Contrôles continues (Cc) programmées pour 13 h.

En attendant que s’égrènent les dernières minutes qui les séparent des épreuves, les étudiants nourrissent la discussion autour du sujet de la finale du Championnat d’Afrique des nations (Chan) qui s’est jouée la veille. C’est une ambiance des jours ordinaires dans cette auguste institution.

Un autre étudiant de la filière Lettre Bilingue (Bili) qui se fait appeler « Djo » est debout devant sa salle de classe. Il tient dans sa main droite son téléphone portable. Écouteurs à l’oreille, il savoure probablement des notes de musique. Pendant ce temps, près de lui, ses camarades de classe, des filles, prennent du plaisir à se prendre en photos. Ces étudiants de Bili n’ont pas eu cours depuis le matin.

Revendications des enseignants

« On avait cours de 11 h jusqu’à 13 h avec un enseignant, mais il n’est pas venu. On ne sait pas trop pourquoi. Notre délégué ne nous a pas notifié que l’enseignant devrait être absent aujourd’hui. C’est vrai qu’on a appris que ce jour les enseignants allait faire grève, mais on ne sait pas si c’est à cause de ça qu’il n’est pas venu », explique l’étudiant qui précise que c’était le seul cours de la journée. A un jet de pierre, deux autres étudiants d’une autre filière discutent et attendent impatiemment le deuxième passage des travaux dirigés.    

A côté de ce visage que présente l’université de Douala ce lundi 08 février 2021, le Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes) assure qu’il n’a pas lâché du lest en ce qui concerne les revendications formulées depuis quelques temps. Il s’agit notamment du non-respect de l’application des textes en vigueur, la dégradation des contions de travail, le non-paiement des différentes prestations, entre autres.

Quatre jours après la première grève tenue du 25 au 30 janvier 2021 dans les universités d’Etat, et suivie par l’université de Douala, le ministère de l’Enseignement supérieur avait commis un communiqué dans lequel il annonçait les paiements par billetage qui devaient débuter le 22 janvier et que les paiements par virement devaient être effectifs dès le 28 janvier. Seulement une partie des enseignants ont pu bénéficier de cette allocation, d’où la reprise de cette grève du lundi 8 février.

2000 enseignants pas encore bénéficiaires

Dr Jeannette Wogaing Fotso, Secrétaire à la presse et à la communication du Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes). Photo: Moustapha Oumarou

« Le bureau exécutif national a appelé à réitérer le mot d’ordre de grève parce que, plus de 2 000 enseignants des universités d’Etat n’ont pas encore été bénéficiaires de l’allocation spéciale qui avait été mis en place par le chef de l’Etat en 2009. Quelques enseignants ont bénéficié de leur prime. Par souci d’équité, il est bon que l’ensemble des enseignants en soient bénéficiaires tel que l’avait stipulé le chef de l’Etat dans son décret à savoir les assistants, les chargés de cours, les maitres de conférence, et les professeurs titulaires»,

fait savoir Dr Jeannette Wogaing Fotso, secrétaire à la presse et à la communication du Syndicat national des enseignants du supérieur.

Le Synes dit resté ouvert au dialogue et soutien que le combat continu. « Pour ce qui est du ministère de l’Enseignement supérieur, le bureau exécutif avait eu une séance de travail avec le ministre d’Etat. Plusieurs points étaient inscrit à l’ordre du jour, parmi lesquels : la prime spéciale, la situation des collègues, les prestations académiques, le CCUI. C’était un échange assez convivial et courtois. Des engagements ont été pris, mais il faut aussi dire que le ministère de l’Enseignement supérieur n’est pas le seul impliqué dans le dossier de l’allocation spéciale, mais également le ministère des Finances. Comme vous savez c’est le ministère de l’Enseignement supérieur qui est notre ministre de tutelle. On ne peut que s’adresser à lui afin qu’il trouve les voies et des moyens pour régulariser l’ensemble des situations des enseignants », indique le Dr Jeannette.

Et d’ajouter qu’ 

« on demande simplement que lorsque les enseignants ont des droits, que ces droits soient respectés. Il en est de même pour les prestations académiques. Parce qu’il y a des enseignants qui depuis qu’ils sont recrutés, n’ont jamais été bénéficiaires des prestations qui concernent l’encadrement des jurys. Vous allez voir un enseignant qui est à 15 voire 30 ans sans jamais être désintéressé. Il y en a même qui sont décédé».

En rappel, la grève avait été suspendue le 30 janvier 2021 et a repris ce lundi 8 février 2021 à l’université de Douala. Aucune date annoncée pour la fin du débrayage.

Moustapha Oumarou