L'immeuble de la mort toujours debout à Akwa, Douala

Dix ans après l’effondrement de immeuble R+6 qui avait entrainé la mort d’une femme enceinte et sa fille de 4 ans, l’autre pan du bâtiment qui devait être rasé tient encore debout.

A la rue Mermoz au quartier Akwa à Douala, ils sont encore quelques-uns à se souvenir de la triste histoire de l’immeuble R+6 qui trône dans cette rue. Il y a dix ans, l’effondrement d’un pan de ce bâtiment a entrainé la mort de Carole, une femme enceinte âgée de 28 ans et sa fille âgée de 4 ans. Ce jour-là, 17 juillet 2013, les victimes ont été ensevelies dans les décombres du bâtiment. Elles occupaient une pièce au premier étage et étaient endormies au moment du drame, vers 4 heures.

Junior Divine Ndjomdjo, le conjoint de Carole, travaille comme disc joker dans une discothèque de la place. Il n’était pas à la maison au moment du drame. Il s’est évanoui lorsqu’il a appris la terrible nouvelle. Deux autres habitants coincés dans l’autre pan de l’immeuble encore debout ont été extirpés par les secouristes, perchés sur des échelles

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“Immeuble de la mort” toujours debout à Akwa

Le préfet de l’époque, Paul Naseri Bea, descendu sur le terrain après l’incident, a déclaré que «Le bâtiment R+6 ne respectait pas les normes en matière de construction. Nous avons donné des instructions pour que ce bâtiment soit entièrement rasé». Le préfet a aussi promis des sanctions contre le promoteur et l’entrepreneur de cet immeuble. Il a aussitôt mis sur pied une commission d’enquête, présidée par le sous-préfet de Douala 1er. Ladite commission disposait de deux semaines pour rendre sa copie. 

Dix ans après, “l’immeuble de la mort” trône toujours à Akwa, en plein cœur du centre commercial de Douala. Ce mardi 26 juillet 2023, trois véhicules personnels sont garés au pied dudit immeuble sur lequel un riverain avait pris le soin de marquer des messages de mise en garde à la suite de l’effondrement d’un des deux pans. On pouvait y lire dans le temps les inscriptions suivantes : « Immeuble de la mort », « A démolir », « Danger-Attention-3 morts ».

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Des occupants dans l’immeuble de la mort

Aujourd’hui, les messages d’alerte ont disparu sous une couche de peinture. Le rez-de-chaussée de l’immeuble a en effet été réaménagé. Il est désormais occupé par trois commerces à savoir une boutique de vente de mèches et greffes, une boutique d’accessoires informatiques et une agence de transferts d’argent à l’international.

« Je n’étais pas au courant qu’une partie de cet immeuble s’était effondrée. Je l’ai appris hier (dimanche). Donc je peux rester comme ça et ça s’écroule… J’ai peur. Au moindre bruit suspect, je suis sur mes gardes maintenant», indique Léa, la gérante de la boutique de mèches.

Léa fait savoir que le commerce s’est établi là il y a trois mois. A peine installée, la boutique a reçu vendredi dernier la visite des cambrioleurs. La mezzanine de l’immeuble est également en travaux, apprend-on. Elle pourra peut-être accueillir de nouveaux occupants prochainement.

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“Je suis prêt à fuir”

A côté de l’immeuble de la mort” à Akwa se trouve un autre immeuble à étage qui abrite la résidence Essame. Furaxe, le responsable de cet immeuble qui accueille des clients au quotidien ne souhaite pas faire de commentaire et prend congé du reporter, le visage plissé. « Je suis chauffeur dans une entreprise au pied de la résidence Essame. Tu ne me verras jamais dans le bureau. Je suis toujours assis à l’extérieur, pour que si ça tombe, je suis prêt à fuir», prévient un usager visiblement très averti.

Mathias Mouendé Ngamo