Tchopa Théodore et Associés, lauréats Prix Norbert Zongo

Les cinq journalistes camerounais primés à Ouagadougou se sont illustrés grâce à une enquête réalisée sur la gestion des déchets médicaux à Douala.

Théodore Tchopa du quotidien Le Jour, Josiane Kouagheu (Le Monde Afrique), Marie-Louise Mamgue (Adisi-Cameroun), Cédric Kengne et Audrey Talom (freelances) viennent de décrocher la deuxième place dans la catégorie Presse en ligne, lors de la cérémonie de remise des distinctions du Prix Africain du Journalisme d’Investigation Norbert Zongo (PAJI-NZ). Le trophée a été remis samedi 13 novembre 2021 à Ouagadougou au Burkina-Faso.

Le Prix a été remis à l’issue des panels sur l’investigation de la 9ème édition du Festival international de la liberté d’expression et de presse (FILEP) qui se sont tenus du 10 au 13 novembre dans la capitale burkinabé. Théodore Tchopa et ses associés arrivent devant le Nigérian Yusuf Akinpelu, classé troisième dans cette catégorie. Pour se distinguer, les journalistes camerounais ont réalisé une enquête dénonçant la corruption dans la gestion des déchets médicaux spécifiques et dangereux à Douala.

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Huit mois d’investigations

Les cinq reporters ont mené du 1er février au 31 septembre 2020, une enquête sur la gestion des déchets médicaux à Douala, qui a paru sous le titre : « Les déchets médicaux déversés dans la nature causent des infections, des meurtres à Douala ». Une grande enquête publiée aussi bien par le quotidien Le Jour que sur le site de « The Museba Project », qui est un collectif de journalistes de l’Afrique Centrale exerçant en freelance menant des investigations spécifiques sur des sujets relatifs à la corruption, le crime organisé, les flux financiers illicites et les violations des droits de l’Homme.

Tout au long des huit mois d’investigations approfondies, les cinq journalistes camerounais ont été exposés à des risques énormes, comme ces déchets médicaux infectés sur lesquels ils enquêtaient, ou encore les menaces proférées par certaines parties prenantes dans la chaîne de gestion de ce type de déchets spécifiques et dangereux.

Du 1er février au 30 septembre 2020, les cinq journalistes camerounais ont enquêté auprès de 125 centres de santé privés sélectionnés au hasard dans la capitale économique. Pendant neuf mois, ils ont effectué plus de soixante descentes sur le terrain, une quinzaine de réunions de mise au point, deux cents enregistrements et environ deux cent-cinquante photographies. Ils ont notamment découvert qu’à cause de la corruption qui gangrène le système national de santé, la majorité des centres de soins privés violent impunément la réglementation sur la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques, détruisent l’environnement, les ressources naturelles, et que certains de leurs déchets tranchants comme les seringues usées sont utilisés par des populations pour donner la mort aux bandits.

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Révéler les mauvaises pratiques au grand jour

« Le Prix Norbert Zongo est l’institution faîtière de reconnaissance des mérites et des talents dans le domaine du journalisme d’investigation en Afrique et notamment en Afrique francophone. Je voudrais saluer le travail du jury et, par la même occasion, lui exprimer la gratitude de l’ensemble du collectif. Notre enquête a eu le mérite de révéler au grand jour, tableaux à l’appui, les mauvaises pratiques observées dans un pan du métier de collecte des déchets qui était ignoré jusque-là du grand public. Les seules informations sommaires disponibles, jusque-là, étaient des rapports et spéculations basées sur des constats faits, sans qu’il y ait eu une enquête approfondie menée par des professionnels de médias», commente Théodore Tchopa.

Mathias Mouendé Ngamo