La somme de 300 millions F. Cfa a été mobilisée par la Cmc et la Socam pour la première période de l’apurement des arriérés des droits de 2005 à 2009 à 624 artistes.

Il est 12h ce jeudi 18 août 2022 au quartier Bali à Douala. Le rez-de-chaussée de l’immeuble Hogmeni connait une fréquentation particulière d’artistes. Ils arrivent à tour de rôle, en taxi ou en voiture personnelle. On remarque dans la foulée Eriko, Guillaume Tell, Money Bilè, Sam Fan Thomas, entre autres. Les artistes marquent un premier arrêt devant un grand tableau adossé au mur. L’intitulé inscrit au-dessus des noms sur les listes affichées ici renseigne l’objet de la présence nombreuse des chanteurs et musiciens. On peut y lire « Cmc-Socam : Apurement des droits pour le compte des arriérés des droits d’exécution publiques et R.E de 2005 à 2009 (première période)».

Les listes comportent les noms et pseudonymes des artistes bénéficiaires, 624 au total. D’après un communiqué de presse commis pour l’occasion, le montant total de l’apurement dans la catégorie B de l’art musical s’élève à 300 millions F. Cfa. De quoi arracher le sourire à quelques artistes qui se rassemblent devant le grand tableau pour repérer leur nom et le numéro d’ordre correspondant.

Lire Aussi: Droits d’auteur : Il faut assainir le secteur de l’Art musical au Cameroun

«L’artiste mérite de toucher ses droits»

Il faut ensuite se rendre dans un bureau au deuxième étage pour les modalités de vérification. Le bénéficiaire prend connaissance du montant à percevoir et reçoit un feuillet.  C’est avec ce document qu’il faut se rendre dans une des agences Express Union du pays pour récupérer son dû.  

«C’est bien. L’artiste mérite de toucher ses droits. Il faut que ce soit régulier dès à présent. Qu’on arrête plus. Ça dérangeait déjà trop les artistes de savoir qu’on chante pendant plus de 15 ans et il n’y a pas de droits d’auteurs », se réjouit l’artiste Longue Longue. Mais pour l’auteur de ‘’Ayo Afrika’’, la gestion des droits d’auteur reste très problématique au Cameroun. Il en appelle à une reprise en main par l’Etat.  

Lire Aussi: Au tribunal : L’artiste Tenor plaide coupable et renonce à sa demande de mise en liberté provisoire

5 million F. Cfa la plus grosse enveloppe

Dans cette première période de répartition qui se déroule dans les dix régions du pays, le plus gros bénéficiaire repart avec une enveloppe de 5 million F. Cfa et une enveloppe de moins de cinq mille F. Cfa est réservée au plus petit des bénéficiaires, fait savoir le communiqué de presse commis. Les noms ne sont pas dévoilés. Mais si certains artistes se frottent les mains et ont le sourire aux lèvres, d’autres s’indignent et lèvent la voix.

C’est le cas de Djene Djento qui s’offusque de ne pas figurer parmi les bénéficiaires du million de F. Cfa. Il indique avoir reçu, après soustraction des taxes, moins de 500 000 F. Cfa. Guichi du groupe Bantou Pô-Si formule la même récrimination. Lui qui estime que le groupe de musique urbaine était à la Une pendant la période ciblée.

Des explications de Sam Mbende, Cmc:

D’après l’artiste Pakito, membre du comité de cette répartition/apurement de dette, il s’agit de la suite logique et régulière d’une opération engagée depuis cinq ans. « Nous sommes derrière les créanciers depuis. Il fallait que certains reconnaissent d’abord leur dette et qu’on se mette sur la table des négociations. On parle du milliard de F.Cfa. Et ce n’était pas facile. Il a fallu l’intervention du ministre des Arts et de la culture pour faciliter certaines opérations », fait-il savoir. La suite ? C’est la dissolution des sociétés antérieures pour permettre à la nouvelle d’étendre son envergure, indique Pakito.

Mathias Mouendé Ngamo